Lors du discours qu’il prononce aux funérailles de Balzac, Victor Hugo dit de l’auteur de La Comédie humaine : « À son insu, qu’il le veuille ou non, qu’il y consente ou non, l’auteur de cette œuvre immense et étrange est de la forte race des écrivains révolutionnaires ». Depuis ce discours, la critique n’a cessé d’explorer ce paradoxe passionnant : Balzac est un écrivain qui se disait monarchiste mais dont l’œuvre s’avère rétrospectivement profondément démocratique. Balzac a ainsi excellé dans l’analyse quasi-sociologique des forces qui s’exercent sur les individus et des illusions qui les accompagnent. Il a inventé une écriture qui entrecroise les points de vue et qui, grâce au système de retour des personnages, fait de chaque passant le héros de sa propre histoire. Il apparaît enfin comme un écrivain étonnamment enclin à l’ironie et à l’autocritique, ainsi que le révèlent ses romans de jeunesse, ses Contes drolatiques ou ses nouvelles animalières, moins connues que La Comédie humaine. La conférence proposera de revenir sur ces différentes innovations littéraires, qui fondent encore aujourd’hui la modernité de romans comme Eugénie Grandet ou Illusions perdues.
Intervenant : Lucien Derainne
Maitre de conférences en Littérature Française, Université de St Etienne