Officier, journaliste, député, neuf fois ministre, historien, prix Nobel de littérature mais aussi peintre Winston Churchill (1874-1965) a connu plusieurs existences destinées à apaiser sa soif d’action et d’ambition. Infatigable globe-trotter en Inde, au Soudan, à Cuba, en Afrique du Sud pendant sa jeunesse, il parcourt 160 000 km pendant la Seconde Guerre mondiale. Celui qui prétend n’avoir rien d’autre à offrir que du sang, des larmes et de la sueur » à son pays en 1940 est désigné lors d’un sondage de la BBC tenu en 2002, « le plus grand de tous » par un million de votants.
Et pourtant cette vie trépidante est marquée par plusieurs échecs. Churchill fut victime de cruelles désillusions : il lui faut trois tentatives avant de réussir l’examen d’admission à l’Académie royale militaire ; sa première candidature à un poste de député est une catastrophe ; premier lord de l’amirauté pendant la Première Guerre mondiale, il doit démissionner après l’échec du débarquement des Dardanelles ; défait aux élections de 1945 alors qu’il a conduit son pays à la victoire ; nostalgique de l’ère victorienne il refuse de « présider à un démembrement de l’Empire britannique» mais doit accepter l’indépendance de plusieurs colonies. C’est grâce à sa formidable ténacité mais aussi à un certain cynisme que le « British Bulldog » réussit plusieurs rétablissements politiques spectaculaires. Cette habileté politique lui confère un certain égocentrisme ainsi qu’il en fait part à ses collaborateurs : « Nous ne sommes que des vers de terre, mais je pense que je suis, moi, un ver luisant ».
Finalement Churchill reste toute sa vie fidèle à cette maxime qu’il s’est donné : « J’aime que les choses arrivent et, si elles n’arrivent pas, j’aime les faire arriver. »
Intervenant : Cyrille JULLIEN
Professeur d’Histoire – Géographie